Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
ROBERT-LE-DIABLE.

tôt Robert ; l’empereur l’interroge à son tour. Robert demeure inflexible dans son silence ! On lui offre l’empire, on lui propose la main de la princesse ; il ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre ! La pauvre amante se sent faiblir dans son désespoir ; elle avait compté avec tant de confiance sur un second miracle ! Mais, averti par un ange, l’ermite qui a imposé la pénitence de Robert arrive pour le relever de ses vœux !

Un double dénouement s’offre ici au choix du lecteur. Dans le Miracle, Robert, attendri par les supplications de l’empereur, vaincu par les ordres de l’ermite, consent à renoncer au projet de retraite qu’il a conçu, pour épouser la belle princesse, qui attend sa décision le cœur tout pantelant.

L’Ermite.
Robert, sachiez Diex ordener

Autrement a voulu de toy :
Entens, il te mande par moy,
Et m’en a bien fait mencion,
Que prengnes sans dilacion
La fille et ne la laisses mie,
Car de vous deux istra lignie
Tele, ce dit ben vueil con m’oie,
Dont tout paradis ara joie.
Ça en arrière.

Robert.
Puisqu’il est en telle manière,

Le contraire ne doy vouloir.
Tres chier sire, à vostre vouloir
Je me consens[1].

Dans le Roman, au contraire, résistant aux amorces d’une félicité mondaine, notre héros va chercher un refuge contre l’amour et l’ambition dans la cellule de l’ermite. Plus tard, il y meurt béatifié, et le peuple de Rome, pour honorer la mé-

  1. Miracle de Nostre Dame de Robert-le-Diable, page 122.