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ROBERT-LE-DIABLE.

et leur prête un secours si merveilleux, qu’il parut bien que, sans sa coopération, l’empereur ne serait jamais parvenu à mettre en fuite ses ennemis. Puis, à la suite du combat, notre héros retourne à la fontaine, ôte son armure et reprend modestement ses habits de fou. Cependant, chacun se préoccupait de savoir quel était le chevalier aux armes blanches qui avait combattu si vaillamment. La fille de l’empereur seule, par privilège d’amante, avait été témoin du message céleste que Robert avait reçu. Elle tente, alors, d’instruire par signes, son père, de ce qui s’est passé ; mais il la traite de folle et la renvoie de sa présence : force est à la pauvre enfant de dissimuler encore son amour prêt à s’exalter.

Une seconde, une troisième invasion des Sarrasins ont lieu ; à chacune d’elles, Robert est appelé à combattre, et c’est toujours au milieu des mêmes circonstances merveilleuses que sa mission lui est révélée.

Il arrive aussi que l’intervention de Robert, de plus en plus efficace, sauve chaque fois l’empereur d’une ruine imminente. Ce prince, vivement reconnaissant, a recommandé à ses barons de mettre tout en œuvre pour découvrir quel est leur magnanime protecteur. Après la dernière attaque des Sarrasins, qui a été l’occasion d’une victoire décisive pour les troupes chrétiennes, les chevaliers de l’empereur se réunissent au nombre de trente dans un bois que Robert traversait pour retourner se désarmer à la fontaine. Ils veulent tenter de le surprendre. Dès qu’ils aperçoivent notre vaillant héros, ils s’écrient tout d’une voix : « Vassal, vous êtes pris ! »

Robert pique des deux, sans rien répondre. Ils s’élancent à sa poursuite, la lance baissée, prêts à frapper son cheval, s’ils peuvent l’atteindre. Mais Robert gagne de vitesse sur eux ; bientôt il les devance de si loin, qu’ils s’arrêtent découragés. Un seul de ces chevaliers, ayant pris un sentier détourné, parvient à rejoindre notre héros, et le frappe d’un coup de sa lance, dont il lui casse le fer dans la cuisse. Robert ne donne aucun signe de souffrance, et le chevalier se retire,