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LÉGENDES ROMANESQUES.

Le souvenir de Marie Anson a été consacré dans une romance populaire, où l’on trouve, ajoutés à l’histoire de cette infortunée, des détails intéressants que le récit traditionnel avait omis. On y apprend que l’époux, aussi crédule que jaloux et cruel, avait été induit en erreur par un traître chevalier qui lui avait présenté trois anneaux, semblables à ceux que portait Marie Anson, et qui prétendait les avoir reçus d’elle comme gages d’amour.

Marianson, dame jolie,
Où est allé votre mari ?
— Monsieur, il est allé en guerre ;
Je ne sais quand il reviendra.

— Marianson, dame jolie,
Prêtez-moi vos anneaux dorés. —
Marianson, mal avisée,
Ses trois anneaux lui a prêtés.

Quand il a tint les trois anneaux,
Chez l’argentier s’en est allé :
— Bel argentier, bel argentier,
Faites-moi trois anneaux dorés.

Qu’ils soient beaux, qu’ils soient gros,
Comme ceux de Marianson. —
Quand il a tint les trois anneaux,
Sur son cheval il a monté.

Le premier qu’il a rencontré,
Fut le mari de Marianson.
— Ô Dieu te gard, franc chevalier !
Quell’ nouvell’ m’as-tu apporté ?

— Marianson, dame jolie,
De moi elle a fait son ami.
— Tu as menti, franc chevalier ;
Ma femme n’est pas débordé.

— Oh bien ! croyez-le ou non croyez,
En voilà les anneaux dorés. —
Quand il a vu les trois anneaux,
Contre la terre il s’est jetté.