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LÉGENDES ROMANESQUES.

Au désespoir d’avoir causé cette horrible catastrophe, le roi des Pistréiens fit construire, à l’endroit même où les deux Amants avaient expiré, un magnifique tombeau qui renferma leurs dépouilles mortelles. Il reste encore, de nos jours, éparses sur la montagne, quelques pierres que l’on dit avoir appartenu à ce funèbre monument. Crédules comme tous les cœurs tendres, les jeunes filles des environs viennent déposer en ce lieu leurs offrandes : des rameaux verts et des couronnes de fleurs, consacrés aux deux Amants.

Maintenant, quel degré de confiance nos lecteurs doivent-ils accorder au récit de cette touchante histoire ? c’est ce que nous ne saurions strictement établir. À Lyon, de même qu’en Normandie, il existait un monastère qui devait sa célébrité au tombeau de deux amants. En Espagne, une haute montagne est encore placée sous un patronage semblable. Tout bien réfléchi, les miracles d’amour sont trop rares, pour que celui-ci se soit renouvelé en trois lieux différents ; nous croirions plus volontiers, à part toute idée railleuse, qu’il n’a jamais existé que dans l’imagination ardente des poètes, ou dans les rêves ambitieusement passionnés des jeunes filles.


marie anson ; la dame de préaux ; la croix pleureuse.


Le château d’Alençon fut élevé, dans le onzième siècle, par Ives de Criel, seigneur de Bellême ; ses successeurs augmentèrent ensuite cette forteresse, qui fut pourvue d’un donjon par Henry i, roi d’Angleterre et duc de Normandie ; on commença à la démolir sous Henry iv, et, depuis, les travaux de démolition furent repris à différentes époques. Il ne reste plus, maintenant, de cette ancienne construction, que trois tours, dont l’une, portant, à cause de sa forme, le nom de Tour couronnée, est célèbre par la tradition que nous allons raconter :

On prétend que la Tour couronnée fut jadis occupée par une dame châtelaine, nommée Marie Anson, dont cependant