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LÉGENDES HISTORIQUES.

composé des noms de deux rois : Rhomus et Magus. De même que Magus, pour avoir bâti la ville, lui laissa son nom, Rhomus, pour ravoir restaurée et agrandie, y ajouta le sien. La contraction de ces deux noms, dans celui de Rothomagus, indique, suivant une des autorités tant soit peu divagantes que nous consultons, que l’on doit préférer cette ville, quant à l’antiquité, à la cité même de Paris : « car lesdits Rhomus et Magus furent long-temps devant le roi Pâris, fondateur de la ville de Paris[1]. »

D’autres, écartant le roi Magus, prétendent que le roi Rhomus suffit bien, à lui seul, à doter la ville d’un nom. Ce nom primitif aurait été Romomagus. Les dénominations du pays de Rommois et du village de Maromme, seraient aussi des dérivés de ce même nom de Rhomus[2].

Une opinion, qui n’est pas encore trop diverse ni éloignée de raison, c’est que Rothomagus vient du latin rota magorum, qui veut dire roue des sages ; une compagnie de gens doctes et savants étant appelée en latin corona ou rota, couronne ou roue, « parce qu’ils sont assis à table ronde qui est faite en manière d’une roue » ; et comme, à Rouen, « y avoit un parlement et conseil des Druides, appelez pour lors Mages ou Sages… on peut dire, sans contradiction, que Rothomagus vient et prend sa dénomination de rota magorum, de la roue des mages.[3] ».

Roth pourrait venir encore du temple des idoles, qui était de forme circulaire, ou des danses que l’on formait autour de ce temple, en l’honneur de l’idole. « Lequel idole, représentant l’ennemi Satan, combien qu’il ne fût que de bois sec, si est-ce qu’il parloit et donnoit responce de ce qu’on le requerroit,

  1. Taillepied, Antiq. et Singul. de la ville de Rouen, — 1589.
  2. Farin, Histoire de la ville de Rouen, t. I, chap. II, édition de Du Souillet.
  3. Taillepied, Antiq. et Singul. de la ville de Rouen.