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LÉGENDES HISTORIQUES.

Flandre[1] ; mais les traditions de cette espèce ne remontent pas à une source vraiment antique ; ce ne sont point des souvenirs patriotiques précieusement conservés par le peuple ; ce sont, seulement, des réminiscences, des divagations érudites, interpolées dans nos chroniques par nos premiers historiens. La Neustrie, deux fois mise à nu et dépouillée, pour ainsi dire, de tous les vestiges de son passé, par la conquête de César et par celle des Francs, puis, de nouveau ravagée et fouillée en tout sens par l’invasion des Normands, n’aurait pu, comme la Germanie et la Bretagne, se constituer le théâtre d’héroïques et anciennes fictions. La partie principale des légendes, que nous désignons ici sous la qualification d’historiques, ne se compose donc que de traits extraordinaires et singuliers, empruntés au merveilleux chrétien, et se rattachant à la vie de quelques personnages célèbres ; si bien qu’on ne peut guère considérer ces traditions que comme une sorte d’appendice à nos légendes religieuses. Les récits fabuleux relatifs à la fondation de nos villes normandes, sont à peu près les seuls qu’on puisse distinguer de la catégorie que nous venons d’établir. Nous nous proposons de leur consacrer ce chapitre, et, pour entrer en matière, nous commencerons par indiquer quelle est la voie qui nous les a transmis, et quels sont les dépôts qui nous les ont conservés.

Des historiens lourdement imposteurs, mais dont les fallacieuses compilations se débitaient et trouvaient encore crédit au xvie siècle, s’étaient proposé de déterminer l’origine des différentes nations de l’Europe. À cet effet, ils avaient recueilli tous les récits fabuleux que le moyen-âge avait imaginés sur ce sujet, et, les ayant développés ensuite par des commentaires non

  1. Les historiens flamands prétendent que, dès l’époque de Charlemagne, et même long-temps auparavant, la Flandre était possédée par des seigneurs qui la gouvernaient sous le titre de Forestiers, titre qu’on leur donnait à cause des forêts dont le pays, était rempli. Mais il n’y a aucune preuve que ces seigneurs aient gouverné la Flandre, ni même qu’ils y aient habité. (Sanderus, Flandria illustrata, t. I)