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CHAPITRE XVIII.

Fécamp. Or voici ce qui arriva pendant qu’on se préparait à en faire la dédicace : Un homme inconnu, d’un port majestueux, et remarquable par la blancheur éclatante de sa chevelure et de sa barbe, entra dans l’église, et marcha droit à l’autel sur lequel il déposa un couteau. Le peuple émerveillé restait attentif à tous les mouvements de cet homme extraordinaire, en sorte que, lorsque celui-ci fut prêt à sortir, un grand nombre des assistants le suivirent, curieux de connaître ce qu’il deviendrait. Mais à peine eut-il dépassé le seuil de l’église, que, montant sur une pierre qui se trouvait à peu de distance, il s’éleva dans les airs comme s’il eût été soutenu par des ailes invisibles. Lorsque l’étonnement des assistants leur permit de se reconnaître, ils remarquèrent que le mystérieux personnage avait laissé sur la pierre l’empreinte de son pied, aussi profondément marquée que s’il l’eût appliquée sur une substance molle et pâteuse.

La pieuse curiosité du peuple se trouva ardemment excitée alors, pour savoir ce que signifiait le gage offert sur l’autel. On s’empressa d’examiner le couteau, sur lequel on vit gravées ces paroles : In honore sanctissimæ et individuæ Trinitatis.

Les documents, que nous fournit l’ancien manuscrit de Fécamp, se bornent aux récits que nous venons de rapporter. Cependant, notre tâche ne serait pas complètement achevée, si nous n’ajoutions, à cette relation, quelques autres légendes d’une grande popularité, relatives à l’historique de l’abbaye et de sa précieuse relique.

On raconte un fait merveilleux, d’une originalité piquante, sur la construction de la petite, église qui fut édifiée par Guillaume Longue-Épée, et consacrée à la sainte Trinité, en vertu du miracle que nous venons de transcrire précédemment.

Les ouvriers, employés à bâtir cette modeste église, s’adonnaient à leur travail avec une ardeur très-méritoire. Déjà le corps de l’édifice était achevé, et, dans la crainte que les pluies et l’ouragan ne vinssent à endommager le vaisseau de