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CHAPITRE XVI.

tels que ceux que nous venons de raconter, les jugements contradictoires portés par les contemporains sur deux faits de même nature, renouvelés à la distance d’un siècle, pourraient nous servir peut-être de points de comparaison, pour mesurer le progrès rationnel du temps. Mais, en signalant cette différence, nous ne prétendons pas en tirer une démonstration rigoureuse en faveur de la doctrine du progrès absolu. Le monde des idées n’est-il pas semblable à la mer, qui entreprend et ronge avec fureur un de ses rivages, tandis qu’il en est d’autres qu’elle néglige et dont elle semble se retirer avec dédain ? Son mouvement ne profite donc pas à son étendue ; seulement, il est nécessaire à la pureté et à la salubrité de ses ondes. De même, le mouvement des idées, s’il n’élargit pas les limites morales de l’esprit humain, en purifie, du moins, l’essence, parce qu’il s’oppose à ce que la corruption demeure stagnante et invétérée dans aucun endroit, en même temps qu’il renouvelle les principes de justice, de sagesse et de vérité, auxquels l’intelligence doit son éclat et sa vie.