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DUCS DE NORMANDIE.

d’homonymes dans le lignage ducal de Normandie. Nous serions vraiment en peine d’appuyer les droits de l’un ou de l’autre concurrent, et nous nous verrions obligée d’avouer notre insuffisance pour prendre parti dans une question débattue avec un égal succès, en plusieurs sens contraires, si nous n’avions la ressource de nous en référer à une conclusion qui se déduit tout naturellement de ces divergences. C’est qu’il est plausible que certains types de la romancerie relèvent uniquement de l’invention du poète qui les mit en action, et n’offrent, en regard des figures historiques, que cette ressemblance indéfinie que l’idéal emprunte toujours à la réalité.

L’opinion que nous émettons ici a déjà été présentée avec tant d’esprit et de science, qu’il ne nous reste rien à tenter pour la faire prévaloir[1]. Le dernier mot de la controverse est dit ; mais c’est une obligation de notre sujet de mettre sous les yeux du lecteur l’impartial résumé de cet important débat.

Nous allons donc rétablir, par leurs principaux points, les confrontations relatives à Robert-le-Diable, en y ajoutant les observations qui leur servent de contre-partie. À l’égard de Richard Sans-Peur, et quoiqu’il offre moins de prise à la discussion, nous aurons aussi quelques remarques à consigner, qui complèteront, nos réflexions générales sur cette matière.

Mais il est urgent, avant tout, de dresser la généalogie de nos ducs fabuleux ; c’est un moyen d’intéresser le lecteur à la défense de leur chimérique personnalité. En constatant les alliances merveilleuses qu’ils ont contractées avec les races imaginaires de la romancerie, on sera moins empressé, peut-être, à tenter de replacer ces héros de la légende normande parmi les vivantes catégories de l’histoire.

C’est en l’année 751 que le duc Aubert tenait la Neustrie, comme vassal du roi Pépin. Il prit alors pour femme Inde, sœur du duc de Bourgogne, dont il eut un fils, Robert-le-

  1. André Pottier : De Robert-le-Diable, à propos de la publication du Miracle. (Revue de Rouen, mars 1836.)