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xiv
introduction.

par la malédiction originelle. La misère du peuple ne traçait, sur cette terre fertile, qu’un sillon pénible et trop souvent dévasté. À côté des luttes du travail, se décelaient de toutes parts les détresses de l’impuissance, laissant à peine se manifester un rare et noble succès. Auprès de ces monuments de victoire du génie de l’époque : les châteaux, les églises, les monastères, il y avait des marais insalubres, des rivières débordées, des plaines incultes, des collines hérissées, et des forêts envahissantes ; tout cela, en quelques endroits, luxueux et paisible dans le laisser-aller de son indépendance sauvage, mais, en d’autres parties, attaqué, rompu, bouleversé, en un mot, offrant tous les stigmates d’une misère rebelle et tourmentée. Imaginez, de plus, au milieu des effondrements de cette terre en travail, les désastres de l’hiver et les embûches de la nuit, et vous comprendrez facilement combien, sous l’influence de telles circonstances, les évocations de la peur devaient être empreintes d’une puissante magie.

En effet, plusieurs superstitions, auxquelles a donné lieu l’observation de certains faits physiques et extraordinaires ou seulement inconnus, sont remarquables autant par la singularité et par l’éclat de leurs détails descriptifs, que par l’interprétation éminemment religieuse que nos pères ont tirée de ces problèmes de la nature. Nous citerons seulement, comme exemple,