cri de détresse, qui fut répété par tous les assistants ; puis, se tournant vers le sacristain : « Mon pauvre Pierre, mon pauvre Pierre, dit-il, ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis Regnaud, dont le vaisseau se brisa le lundi de la semaine de Pâques sur la roche d’Ailly. J’avais fait vœu d’une messe en l’honneur de Notre-Dame, j’ai oublié mon vœu. Je veux maintenant dire cette messe moi-même, pour m’acquitter de ma promesse, mais, chaque fois que j’essaie de communier, l’hostie échappe à mes lèvres, et je sens tout l’enfer dans ma poitrine. Oh ! maître Pierre, je souffre toutes les tortures du damné : dites à mon fils, je vous supplie, qu’il n’oublie jamais les messes qu’il promettra à Notre-Dame[1] »
Il existe en Normandie plusieurs croyances ou superstitions dignes de remarque, au sujet des morts et des mourants.
En certains cantons, lorsque quelqu’un est sur le point de mourir, on met un seau d’eau claire auprès de son lit, afin que l’ame, en se séparant du corps, se lave dans cette eau, et soit purifiée de ses souillures avant de paraître devant Dieu. Les anciens supposaient aussi que les ombres étaient soumises à des purifications matérielles avant de pénétrer dans l’Élysée[2].
L’eau qui a servi à laver une ame, ne doit pas être employée à un autre usage ; aussi prend-on le soin de vider tous les vases qui se trouvent dans la maison. Cette coutume était habituelle aux Juifs, qui l’expliquaient différemment, disant que l’ange de la mort avait lavé dans cette eau le glaive dont il avait frappé la personne qui venait de mourir[3].
On place dans la bière auprès d’un mort, soit un livre d’office, soit un chapelet, afin qu’il s’en serve dans l’autre vie. Quelquefois, on met aussi de l’argent, parce que, dit-on, il est bon