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introduction.

pour les associer avec d’autres créations tirées de son propre culte, est-elle seulement le résultat de la faiblesse de l’esprit humain, un signe humiliant qui témoigne de son imperfection ? Ne doit-on pas y voir, plutôt, un trait caractéristique qui dénote combien sont universelles les facultés de l’ame ? N’y a-t-il pas là une sorte d’éclectisme d’imagination et de sentiment, qui précède, dans la vie des peuples, l’éclectisme de l’intelligence, degré suprême de la sagesse humaine ? En effet, dans l’impuissance où nous sommes de posséder la vérité autrement que par division et mélange, le vide de notre cœur, aussi bien que les profondeurs de notre pensée, doit être un asile ouvert à tous les Dieux bienfaisants et persécutés.

En même temps que, dans les époques anciennes, la crédulité dénaturait les faits de l’ordre intellectuel et moral, l’ignorance mésinterprétait ceux de l’ordre physique, et trouvait, par là, de nouvelles combinaisons pour agrandir la sphère du merveilleux. La partie descriptive des croyances superstitieuses s’est enrichie assurément de certaines observations tirées du monde matériel, et que le peu de lumières que l’on possédait alors sur les sciences naturelles, ne permettait pas de rattacher à de saines et judicieuses théories, mais dont on cherchait le point de ralliement dans les données mythologiques. Ainsi, tous les effets étranges et douloureux, produits par le cauchemar ou les