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introduction.

originaires, cependant, des mêmes contrées, et qui n’appartiennent pas aux mêmes mythologies ; mais cette similitude s’explique facilement, si l’on considère que les différents systèmes du paganisme, d’où sont issus ces personnifications et ces symboles, ne sont pas séparés par de profondes démarcations, puisque tous consistent dans un panthéisme assez grossier. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que ces Dieux anciens se soient mutuellement acceptés, lorsqu’ils se sont rencontrés sur les mêmes points de territoire, ainsi que cela est arrivé lors de l’occupation des Gaules par les Romains. On comprendrait moins facilement comment les peuples convertis au Christianisme ont pu conserver si long-temps leurs traditions idolâtres, si l’expérience ne prouvait tous les jours que les attaques de la raison sont quasi impuissantes contre cette force du préjugé, qui est toute de sentiment et d’habitude. Aussi, les premiers apôtres de l’Évangile, qui avaient la véritable intelligence de leur mission, se préoccupèrent bien moins, pour détacher les notions du culte païen, de nier l’existence des faux Dieux que de les vouer à l’exécration publique, en les représentant comme les principes instigateurs de l’erreur et du mal.

Au reste, cette propension d’une société nouvelle à accepter l’héritage superstitieux des peuples qui l’ont précédée ; à retenir les fantômes d’une religion tombée,