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CHAPITRE XI.

assez considérable pour que l’oiseau ne puisse tenter de les arracher avec son bec. Alors, le pivert sera forcé d’avoir recours à son herbe merveilleuse, et ne manquera pas de la jeter ensuite sur l’étoffe écarlate qu’on aura disposée à cet effet. Il faut avouer que cette herbe serait d’un usage très avantageux pour les auteurs d’effractions nocturnes, aussi bien que celle qui croît à Ver, dans les environs de la chapelle de Saint-Gerbold, et dont la vertu, non moins singulière, est de rendre invisibles les personnes qui la portent.

Quoique le Crapaud soit réputé pour être venimeux, et qu’il soit considéré comme un ingrédient d’une grande importance dans la confection des sorts, on lui a cependant conféré le titre estimable d’ami de l’homme. C’est à cause de la haine qu’il témoigne en général aux reptiles, et surtout au Mouron, espèce de salamandre fort redoutée de nos paysans, et à laquelle il livre, dit-on, des combats acharnés et mortels. Ce service seul méritait bien au crapaud le titre honorifique qui lui a été décerné, puisqu’il suffit à une personne d’avoir tué un mouron, pour obtenir en récompense cent ans d’indulgence[1].

Lorsqu’une Louve met bas, elle donne aussi le jour à un chien. Plus tard, quand ses petits ont grandi, la louve les conduit au bord de l’eau. Elle reconnaît alors le chien à sa manière de boire, et, prise d’une haine furieuse pour ce fruit dégénéré de ses entrailles, elle le dévore sur-le-champ[2].

Il existe une affiliation très étroite entre le Chat et les puissances de l’enfer. Le diable emprunte souvent la forme du chat. Certain os de la tête d’un chat noir rend invisible. Aux environs de l’Aigle, on croit que les chats mâles ont le privilège d’assister au sabbat ; mais, lorsqu’on leur coupe un bout de la queue ou des oreilles, on les empêche d’y être admis[3].

La tête d’un Cerf-Volant, ou Lucane, lorsqu’on la porte sur

  1. Pluquet, Contes populaires de l’arrond. de Bayeux.
  2. L.-S. Chrétien, Usages, préj. et superst. de l’arrond. d’Argentan.
  3. G. Vaugeois, Hist. des antiq. de la ville de l’Aigle, p. 586.