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vii
introduction.

Toutefois, notre intention n’est pas de nier absolument qu’une action surnaturelle ne puisse mêler sa participation miraculeuse aux évènements de ce monde. À Dieu ne plaise que nous tranchions, de notre propre autorité, une question aussi élevée, aussi difficile à pénétrer, et qui attaque, jusque dans leurs fondements, toutes les religions établies. Mais aucun esprit sérieux ne refusera de convenir avec nous qu’il doit être, au moins, dans l’ordre de la Providence, que les véritables miracles soient d’une extrême rareté. Cependant, la masse des faits merveilleux, que les superstitions présentent à leur appui, est devenue incalculable ; de sorte que leur multiplicité est encore une des circonstances qui nuisent à leur vraisemblance. Il devient donc à peu près inutile, lorsque ces traditions ne reposent pas sur un fait physique parfaitement appréciable, de leur chercher une base de réalité positive ; tandis qu’il est facile d’expliquer par quelles dispositions inhérentes à l’esprit humain, et que peut seule combattre une raison très éclairée, tant de préjugés étranges arrivent à se produire dans le domaine de la foi, et par quelle force innée du sentiment populaire ils se maintiennent, se consolident et se perpétuent.

L’organisation intellectuelle de l’homme fut, sans doute, la même à tous les âges du monde. Rien ne porte à croire qu’elle soit susceptible d’éprouver ces changements essentiels qui amèneraient en elle