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CHAPITRE X.

de Gisors ; on l’appelle le Réveillon. Voilà sa vertu miraculeuse : si l’on boit de cette eau enchantée, il faut revenir mourir à Gisors, en quelque lieu que l’on soit exilé. Du temps des Croisades, dit M. d’Arlincourt, les pèlerins du canton, qui avaient fait vœu d’aller en Palestine, ne manquaient pas d’aller boire au Réveillon, pour revenir au toit natal, et ne point mourir aux rives étrangères[1]. Nos soldats de la République et de l’Empire ont été s’abreuver aussi à la petite fontaine, sans qu’on dise, malgré de douloureuses catastrophes, qu’elle ait perdu sa magique renommée. Mais, en France, le Réveillon coule dans tous les cœurs : c’est l’amour de la patrie, qui fait surmonter l’impossible en dangers et en obstacles, et sait encore, à l’infortuné qui succombe, offrir, dans les illusions d’un dernier rêve, l’image absente et chérie.



  1. D’Arlincourt, Ismalie, (Notes).