de ces chapelles naturelles s’est perpétué, et que, dans la Normandie, il en existe un grand nombre d’une renommée toute populaire. On cite le Chêne d’Allouville, près d’Yvetot ; le Chêne à la Vierge, près d’Elbeuf ; le Hêtre Saint-Nicolas, entre Elbeuf et la Saussaye ; le Hêtre à l’Image, entre Orival et la Londe ; le Chêne à l’Âne, dans la forêt de Jumiéges ; le Hêtre Notre-Dame, près du Bourgtheroulde, et beaucoup d’autres encore.
Le Chêne du Val-à-l’Homme, près d’Elbeuf, est demeuré fameux, sans avoir réhabilité, cependant, son antique renommée, par aucune alliance avec les pratiques chrétiennes. Il semble, au contraire, que, protégés par son ombre, les plus sombres souvenirs du druidisme aient survécu dans son voisinage. On raconte qu’un fantôme horrible, ayant la tête tranchée et les vêtements couverts de sang, vient errer, pendant la nuit, dans le vallon qui porte, à cause de cette apparition, le surnom de Val-à-l’Homme. Plus loin, un champ, que l’opinion populaire signale comme funeste et maudit, conserve le nom sinistre de Camp de la Mort. En un mot, tous les souvenirs traditionnels, épars dans ce lieu, tendent à faire soupçonner qu’une divinité en courroux y réclama jadis un sanglant sacrifice[1].
Le culte des fontaines conserva, parmi les populations nouvellement converties à la foi, une faveur non moins persistante que celui des arbres. Dans le temps même où nos premiers évêques s’appliquaient, avec le plus d’ardeur, à déraciner de l’esprit du peuple les restes des superstitions païennes, l’irruption des croyances scandinaves apporta de nouveaux obstacles à l’œuvre du christianisme. Les nations du Nord honoraient, en effet, d’un culte particulier, des Dieux et des Génies qui présidaient aux fleuves, aux lacs et aux fontaines. L’Edda et toutes les Runographies en font foi[2]. Pour combattre cette