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CHAPITRE IX.

de Fontenay-le-Marmion, dans le département du Calvados, près de Caen. Ce monument renfermait plusieurs caveaux ou loges sépulcrales, formées de pierres plates et brutes, superposées, sans être reliées par aucune espèce de mortier. Des galeries aboutissaient, de chacune de ces cellules, à un point de la circonférence du monument.

Le tumulus de Fontenay-le-Marmion a été surnommé la Hogue ; cette dénomination a été appliquée ailleurs à d’autres tumulus, et de moins considérables ont été appelés Hoguette. La tradition, qui règne dans le pays sur le tumulus de Fontenay-le-Marmion, indique très ingénieusement l’origine et la destination de tous les monuments semblables. Les Romains ayant livré, dit-on, une grande bataille dans les vastes plaines de May et de Fontenay-le-Marmion, virent périr le César qui les commandait. Pour honorer la mémoire de ce chef regretté, chaque soldat vint déposer sur son tombeau autant de pierres que put en contenir son casque. C’est ainsi que fut élevée, de main d’homme, la Hogue, qui, autrefois, avait une hauteur beaucoup plus imposante. Ajoutons que ce tumulus est fréquenté par de nocturnes apparitions, et qu’on était persuadé, avant que les fouilles eussent été entreprises, qu’il renfermait des trésors considérables, au moins la fortune d’un César[1].

Quelques montagnes et quelques grottes naturelles ayant été consacrées au culte druidique, en concurrence avec les pierres érigées et les galeries couvertes, furent considérées pareillement comme les habitations mystérieuses des fées ou des géants. Plus tard, par extension, toute espèce de monument, soit naturel, soit bâti de la main des hommes, mais de forme frappante et singulière, fut attribué à ces puissances supérieures, ou consacré à leur souvenir. Nous pouvons offrir à nos lecteurs, en témoignage de ce fait, des détails qui ne sont pas hors de propos ni dépourvus d’intérêt.

  1. Rapport sur les fouilles de Fontenay-le-Marmion ; (Mém. des Antiq. de Normandie, 1831-32-33, p. 273.)