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CHAPITRE IX.

maintenant la chapelle, et chaque jour, à l’heure du pâturage, un mouton venait se placer à l’abri de ce rocher. Tandis que le reste du troupeau paissait avec délices l’herbe tendre et aromatique de la prairie, le mouton, retiré sous sa roche, ainsi que dans un ermitage, jeûnait en anachorète, et méditait paisiblement. Or, il engraissait à vue d’œil, quoiqu’il ne prît d’autre nourriture qu’un peu d’herbe sèche à l’étable. Le cas parut si étrange, que, pour lui trouver une explication, on imagina, après quelques perquisitions préalables, de pratiquer des fouilles sous le rocher. On découvrit alors une petite figure de la Vierge, que l’on s’empressa d’aller déposer respectueusement à l’église de Joué-du-Bois. Mais, dès le lendemain, la statue avait disparu, et le mouton se retrouvait à son poste. On avait donc mal interprété le miracle ; un nouvel essai fut tenté : on décida que, pour complaire à la miraculeuse statue, on lui bâtirait une chapelle auprès de la roche. Il paraît cependant que, dans cet édifice qui lui était particulièrement consacré, l’image sainte ne se trouva pas mieux à son gré. On recommença sur nouveaux frais, et, cette fois, on bâtit la chapelle au-dessus même du rocher. On affirme que, depuis ce moment, la bienheureuse image et la pierre qui lui servait d’abri, n’ont pas cessé d’habiter sous l’autel[1].

Les monuments druidiques des trois autres départements de la Normandie n’ont pas été recherchés ni indiqués avec autant de soin que ceux du département de l’Orne et du département de la Manche ; voici cependant les menhirs que nous trouvons signalés : Dans le département du Calvados, les Menhirs d’Ussy, dont l’un est surnommé Pierre du Post, et l’autre Pierre de la Hoberie. Les villageois expliquent l’origine de cette pierre en disant qu’elle a été plantée par curieusité, à cause que c’était un géant nommé Guerguintua, qui l’avait laissée tomber par un trou de sa pouchette. Sur une colline

  1. F. Galeron, Monuments histor. de l’arrondissem. d’Alençon ; (Mém. de la Société des Antiq. de Normandie, 1835, p. 1 et suiv.)