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ii
introduction.

muniquer quelques-uns de ces contes naïfs dont ils étaient jadis les infatigables propagateurs. C’est que le peuple, assez bon raisonneur déjà pour être frappé des erreurs de fait qui constituent toutes les croyances superstitieuses, n’est pas encore assez fort d’intelligence pour atteindre aux aperçus scientifiques et moraux qui se peuvent découvrir dans les antiques traditions, et qui en font un si curieux et si intéressant sujet d’examen.

Ce que nous venons de faire observer ici, à propos du peuple, nous le dirions volontiers du commun des lecteurs. Combien, en effet, se rencontre-t-il encore de bons esprits qui ne savent trop ce qu’ils doivent penser des superstitions populaires : tantôt les considérant seulement comme de bizarres imaginations, venues on ne sait d’où, ni comment, et dont la puérilité doit écarter, d’ailleurs, toute idée d’en faire l’objet d’une enquête sérieuse ; tantôt, au contraire, leur accordant assez d’autorité, non pour les admettre d’une manière absolue, mais pour reconnaître, au moins, en elles, les preuves confuses d’une action surnaturelle et mystérieuse, à laquelle on croit vaguement, sans se préoccuper de bien définir en vertu de quelle cause et par quels moyens elle a dû se produire.

D’où naît donc cette instabilité d’opinion, cette fluctuation de sentiment à propos d’une question qu’il semble, en quelque sorte, du devoir du bon