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dont la contrée a jadis subi le joug. D’autres richesses sont encore cachées sous les fondements du château. Une vieille femme, qui pénétra, il y a plusieurs années, parmi ces ruines, trouva un grand vase ouvert, rempli d’or, avec un chapelet posé dessus, comme un talisman protecteur. La peur luttant avec la convoitise chez la pauvre vieille, elle se saisit seulement du chapelet, et s’en vint chercher son mari pour recueillir l’or. Mais, triste désappointement ! Quand les deux époux arrivèrent, ils ne trouvèrent plus rien de ces trompeuses richesses. C’est que, le chapelet enlevé, le diable avait pu reprendre ses droits sur l’antique trésor ; et puis, le Ganne, disait-on, avait livré lui-même son héritage à Satan, sans doute à titre de redevance[1].

Le trésor magique que garde l’Homme blanc, dans les souterrains du château de la Robardière, nous a été révélé par une tradition druidique, parfaitement caractérisée.

Le château de la Robardière, autrement dit la forteresse des comtes Robert, est situé sur la lisière méridionale de la forêt de Dreux. Cette forteresse avait été bâtie, dit-on, sur les fondements d’un temple druidique ; elle est maintenant en ruines ; mais ses caves souterraines n’ont point été endommagées par le temps. Leur étendue est telle, que, parmi les personnes qui y sont descendues, aucune n’a pu en trouver le bout. Au fond de l’une de ces caves, se trouve un caveau fermé de portes de fer, renfermant le trésor immense dont l’Homme blanc est le gardien vigilant.

L’Homme blanc est un resplendissant fantôme qui fait ses apparitions aux plus beaux anniversaires de l’année, aux fêtes de la Vierge, surtout à celles de la Conception et de la Nati-

    personnage que les romans du cycle de Charlemagne ont diffamé. Il y a, en Normandie, plusieurs châteaux gannes, c’est-à-dire plusieurs demeures seigneuriales stigmatisées de cet odieux surnom.

  1. Galeron, Rapport sur les Recherches archéologiques faites dans l’arrond. de Domfront ; (Mém. des Antiq. de Normandie, années 1829 — 1830.)