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la première phalange du pouce par-dessus. Dans cette position, le manche se trouve en quelque sorte moulé dans les doigts de la main mi-ouverte, le pouce passant par-dessus et laissant au poignet la liberté voulue pour conduire l’empreinte du fer à dorer.

Mais pour obtenir l’empreinte d’un fer à dorer quelconque, il est nécessaire de le faire chauffer plus ou moins selon les circonstances, ceci est en quelque sorte la pierre d’achoppement du métier. Cette science ne peut s’acquérir que par la pratique ; des essais souvent répétés peuvent seuls en établir la règle par rapport aux cuirs de tous genres et des tissus sur lesquels le doreur est appelé à exercer son art. C’est encore et surtout pour ce motif qu’il est nécessaire de faire des essais sur des débris de cuir, etc.

Il ne suffit pas de mettre un fer en contact avec le feu, il faut en surveiller la chauffe. Un praticien soigneux et intelligent s’attache à faire chauffer ses fers à point et de telle sorte qu’il en arrive petit à petit à supprimer le baquet à eau dans lequel un vrai doreur ne plonge jamais ses fers et cela pour des raisons capitales. Le contact de l’eau mise en ébullition ronge et abîme les gravures ; il se dégage en outre et il se forme dans les creux une vapeur très préjudiciable à la beauté de la dorure. Le fer s’encrasse et il faut le frotter avec énergie sur un morceau de cuir pour lui rendre son brillant ; de là, usure rapide des parties délicates de la gravure ; de plus, il arrive souvent que sur le fer dont la chaleur a été régularisée à la surface, il se produit une réaction calorique très dangereuse pour l’opération. On croit l’avoir mis au point et, l’instant d’après, la chaleur refoulée dans l’épaisseur de la tige se rejette à la surface et l’on demeure surpris d’avoir poussé un fer trop chaud, et à quoi bon surchauffer puisqu’il faut éteindre ?