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années. Nous savons surtout combien nous avons souffert de son voisinage et de son contact nauséabond ; on le laissait vieillir pour l’avoir plus limpide, ce qui n’était pas toujours vrai.

Voici un moyen des plus simples pour le clarifier immédiatement.

On prend un ou plusieurs œufs bien frais dont on extrait le blanc avec le plus grand soin, c’est-à-dire en évitant qu’il s’y mêle la moindre parcelle de jaune sous peine d’altérer le blanc d’œuf, de lui enlever ses qualités et de ne pouvoir l’utiliser. On place ce blanc dans un verre, puis on y ajoute environ un huitième de vinaigre rouge de bonne qualité (quatre ou cinq gouttes suffisent par blanc d’œuf si l’on désire une couche très concentrée). On mélange par un léger battage à l’aide d’un bâtonnet, manche de porte-plume, etc. On laisse reposer pendant une heure, deux si l’on veut. Il s’est alors formé à la surface une couche plus ou moins épaisse de glaires ou matières inertes que l’on jette après avoir décanté le liquide ou, plus sûrement, après l’avoir passé à travers un linge ajouré ou petit canevas.

Le blanc d’œuf obtenu dans ces conditions est ce qu’il y a de meilleur (nous l’éprouvons encore tous les jours), de plus propre et de plus efficace pour la dorure, pour la préparation du veau, du vélin, du cuir de Russie, du maroquin à grains longs dit genre anglais, de la basane glacée ou maroquinée et, en général, pour le glairage au pinceau de tout ornement tracé sur le maroquin et le chagrin. On y ajoute une certaine quantité de vinaigre quand il s’agit de préparer le maroquin, le chagrin ou le mouton chagriné ainsi que les toiles françaises et anglaises. Cette préparation se conserve pendant un mois et plus en hiver et quinze jours au moins en été sans la moindre altération.