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doreur par excellence des belles dentelles à tortillons dont on lui attribue les plus beaux spécimens.

Les Padeloup et les Derome, qui se succédèrent pendant plusieurs générations (il y eut douze Padeloup et quatorze Derome), étaient pour la plupart plutôt libraires-relieurs que doreurs, et ne pratiquaient pas eux-mêmes la dorure. Il faut pourtant en excepter Antoine-Michel Padeloup, dit le jeune, qui fut un artiste de grand talent, et Pierre-Paul Dubuisson qui, tout en étant un excellent doreur à la main, était de plus un graveur émérite et un dessinateur très distingué. Ils contribuèrent pour une part très large à la création du genre qui caractérise cette époque. Après le décès de A.-M. Padeloup, ses fers furent rachetés à sa vente par l’un des Derome (probablement Nicolas-Denis), qui adopta le genre du maître et créa cette particularité que l’on retrouve sur les reliures qu’il a exécutées, nous voulons parler du fer à l’oiseau ; mais ses reliures étaient lourdes, et on suppose, avec quelque raison, qu’il n’exécutait pas lui-même ses dorures.

Vers le milieu du xviiie siècle se place un artiste de talent très original qui, sortant des sentiers battus, créa un genre de dorure très remarquable et en même temps très difficile comme exécution. C’est à Jean-Charles Le Monnier, relieur du duc d’Orléans, que l’on doit ce merveilleux bijou qui recouvre une édition des amours pastorales de Daphnis et Chloé. L’artiste pour exécuter ce chef-d’œuvre, s’est inspiré du livre dont il a résumé le contenu poétique par une ornementation en mosaïque de diverses couleurs et or, représentant un chien gardant des moutons groupés sur un terrain au milieu duquel s’élève un arbre flanqué d’un écusson-cartouche et de deux boulettes en sautoir. Cette composition est encadrée sur les côtés par des chapeaux de bergers et