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à les fabriquer en vue de pouvoir empreindre sur celles-ci des ornements appropriés au livre.

C’était pour l’époque un progrès énorme et plus tard une nécessité, que l’application de la peau ainsi préparée pour la reliure. Les moines relieurs, aidés par des moines graveurs ou sculpteurs firent les premiers l’application des ornements gravés ou sculptés en creux ou en relief sur des peaux dont ils couvraient les volumes. De là le nom de Fers Monastiques dont nous donnons quelques spécimens, voir Pl. V de notre traité de l’art du relieur.

Les peaux de diverses espèces ont de tous temps été employées pour la reliure des livres, surtout le vélin. Aucun historien n’a pu nous dire jusqu’à ce jour, à quel degré de perfection a pu atteindre la fabrication des peaux que l’on affectait à la reliure dans l’antiquité et dans la majeure partie du moyen-âge. L’invasion des barbares porta un coup funeste au livre ; de tous les produits de l’ancienne civilisation, il fut en même temps le plus fragile et le plus poursuivi, bien peu ont pu échapper à la destruction. Qui nous dira par quels soins et par quels dévouements, les œuvres des anciens écrivains ont pu parvenir jusqu’à nous. Il a fallu aussi les soustraire à la cupidité. De toute leur ornementation extérieure, rien n’est resté, leurs couvertures pour la plupart massives ont dû être sacrifiées pour faciliter l’exode de leur contenu vers des contrées plus civilisées, plus humaines ; le temps a fait le reste !

La longue période qui suivit ce cataclysme, ne fut pas non plus favorable au livre et jusqu’à l’époque de Charlemagne les produits de la pensée et surtout le livre furent dédaignés. C’était un art à refaire : dès que le livre reparut et reprit sa place, la reliure complément matériel et inséparable du livre renaissait avec