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On pourrait inférer de ce qui précède qu’il suffit de battre un livre à outrance ou le plus longtemps possible pour atteindre à la perfection ? S’il en est plus ou moins ainsi pour certains livres déjà vieux, imprimés sur papiers à la forme, etc., ru moyen d’encres de très bonne qualité, il en est autrement pour certains papiers et surtout pour certaines encres.

Il est des livres que l’on doit battre pendant un certain temps pour obtenir un bon résultat : il en est, d’autre part, dont le papier est d’une délicatesse extrême et ne souffre le battage à aucun degré. D’autres, dont les encres sont ou très délicates ou de mauvaise qualité, ce que le relieur doit être à même de pouvoir apprécier ; il arrive même assez souvent qu’on lui confie des livres que l’on vient d’imprimer. L’ancienneté du livre n’est pas une garantie suffisante pour exécuter le battage avec sécurité ; il est des incunables[1] dont les encres sont à ce point fragiles qu’elles maculent à une très faible pression.

Certains ouvrages imprimés au siècle dernier présentent les mêmes inconvénients et sont par ce fait, plus ou moins difficiles à relier. Les impressions en taille douce et même certaines empreintes de gravures sur acier ne souffrent pas l’action du marteau, les gravures de ce genre ne doivent prendre place dans le livre qu’après le battage : il est même indispensable de placer provisoirement devant chacune d’elles un papier de soie non seulement pour les préserver, pendant et jusqu’à complet achèvement de la reliure ; mais pour préserver également les feuilles qui leur font face dans le livre. On reconnaît que l’encre est fragile ou d’impression trop

  1. Livres imprimés depuis l’invention de l’imprimerie jusque l’an 1500 inclus.