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LE DRAME DE LA FENETRE 33

La détresse, le pain qui manque quelquefois, L’absence du soleil et de l’air et des bois : Ces souffrances du corps, longtemps on les surmonte, .Mais souvent la misère à Paris, c’est la honte ! Vous me comprenez bien, madame, n’est-ce pas ? Et je vous vois frémir ! Retournez donc là-bas ! La pauvreté n’est pas la misère, au village : On a les fleurs, les prés, les oiseaux, le feuillage, Les pauvres savent bien s’y consoler entre eux, Le riche est seulement un ami plus heureux ; Le bien-être entre tous forcément se partage ; Puis la nature est là, ce commun héritage ; Le bon air du pays rend le labeur léger ; Le seul homme vraiment pauvre, c’est l’étranger ! Retournez donc là-bas, au village, à la ferme ; Le bail en est payé jusques au prochain terme Par quelqu’un que je sais... puis, un brave garçon, Pauvre, mais courageux, à votre Louison Pense depuis longtemps ; c’est très juste à son âge, Et je crois qu’elle aussi... Mettez-les en ménage, Ainsi c’est convenu, n’est-ce pas ? Bon espoir ! Partirez-vous demain, madame ?

— Non ; ce soir !

Novembre 1863.