Vois les calamités d’une pareille guerre,
Tous les malheurs que Troie a dus aux Grecs naguère
Se retournant sur nous, grâce à ta trahison…
Assez ! Égysthe vient ! — Peut-être as-tu raison !
Scène II
Le voici donc, ce jour qu’un oracle funeste
M’a trop prédit ! Pourquoi frémir, fils de Thyeste ?
Puisque le ciel te voue à ce destin fatal,
Accepte sans pâlir l’hérédité du mal !
Quand viendra l’heure, affronte et le fer et la flamme ;
La mort même n’est rien, ne pouvant rien sur l’âme !
Qui naquit comme toi ne perd rien à la mort,
Égysthe !
Le veut, m’accompagner jusqu’au bout de ma tâche ;
Il faut que ton époux, père indigne et roi lâche,
Paye aujourd’hui le sang de ta fille !… Mais quoi ?
D’où viennent ta pâleur, ton trouble, ton effroi ?
Égysthe, je m’arrête, et ma faute me pèse ;
N’allons pas plus avant dans la route mauvaise ;
Il n’est jamais trop tard ; et qui veut en sortir
Retrouve l’innocence avec le repentir !
Ces remords que la peur jette dans ta pensée,
Crois-tu qu’Agamemnon les éprouve, insensée !