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AGAMEMNON






ACTE PREMIER


Scène PREMIÈRE

(Il est nuit.)
L’OMBRE DE THYESTE.

J’échappe aux noirs cachots de l’infernale rive ;
L’épouvante me suit sur la terre où j’arrive,
Comme elle m’assiégeait aux enfers d’où je sors ;
Je fais fuir les vivants comme je fuis les morts.
Tremble, Thyeste : c’est la maison de ton père !
Tremble, Thyeste : c’est la maison de ton frère !
C’est bien le vieux palais de Pélops ; c’est ici
Qu’on couronnait les rois ; leur trône, le voici ;
Là se tenait leur cour ; là se dressait leur table
Pour les festins publics….. Souvenir détestable !
Redescendons ! Mieux vaut le Styx, mieux vaut revoir
Cerbère, balançant ses trois cous au poil noir,
Sur sa roue éternelle Ixion qui tournoie,
Tityus, des vautours la renaissante proie,
Sisyphe haletant, poussant son lourd rocher