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Scène IV

Les Mêmes, LE CORTÈGE DE BACCHUS ET DE SYLVAIN
MÉGARA, conduite par un prêtre devant la statue du Sylvain.

« Dieu Sylvain, dieu riant de l’Œnotrie antique,
« Qui couronnes ton front des pommes du sapin,
« Qui portes le sayon et la serpe rustique,
« Et qui mêlas le miel au pain ;

« Dieu Sylvain, fils puissant de la Querquétulane,
« Qui défends les forêts, les moissons et les fruits,
« Qui protèges le bœuf, l’agneau, la chèvre, l’âne,
« Contre le loup voleur des nuits ;

« Exauce-nous, Sylvain ; du nid d’or des abeilles
« Écarte le frelon et l’ours mangeur de miel ;
« Mais épargne l’oiseau, s’il dérobe à nos treilles
« De quoi mieux chanter en plein ciel. »

(Un autre prêtre conduit Mégara devant la statue de Bacchus.)

« Bacchus, dieu deux fois né, seul dieu né de deux mères,
« Ô Bacchus-Lénéen, qui du rouge pressoir,
« Fais jaillir, non le jus des olives amères,
« Mais le sang pur du raisin noir ;

« Bacchus-Evan, le dieu que les jeunes Bacchantes
« Appellent de leurs cris fauves quand meurt le jour,
« Et qui viens dénouer leurs ceintures d’acanthes…

(Elle hésite et s’arrête.)

Afranius, j’oublie un vers…

(À part, et regardant Faustus.)

Puis, ce jeune homme !

AFRANIUS

Voici le vers :
« Et qui viens dénouer leurs ceintures d’acanthes
« Dans les jeux ardents de l’amour !