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Dire du mal des Dieux, en ce cas, c’est d’un traître ;
N’en disons que du bien : mon empereur peut l’être !

ELYMAS

Ris ! sais tu ce qui perd tout dans ce siècle-ci ?
C’est le scepticisme.

AFRANIUS

Oui, — le fanatisme aussi !

LYDIE

Et toi tu ne dis rien, étranger ?

PAUL

Non, j’écoute.

LYDIE

Partages-tu l’avis du duumvir !

PAUL

Sans doute.

LYDIE

Mais ta religion, tes dogmes et ta foi ?…

ELYMAS

Pour lui, je vais répondre : il est Juif comme moi ;
Ses traits me sont restés gravés dans la mémoire,
Je le connus jadis et ce fut à sa gloire,
Quoiqu’il fût un enfant presque en ce temps ancien,
Et quoiqu’il eût, je crois, pour maître un Pharisien.
Je crois qu’il aidait même, autant qu’il m’en souvienne,
Au supplice d’un fou qui s’appelait Étienne,
Le plus fou des chrétiens ! — Je te reconnais bien,
Mais ton nom, quel est-il, ami ?

PAUL

Je suis chrétien,
Et je me nomme Paul.