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LYDIE

Non ! jamais ! Une esclave…

PAUL

Adieu donc ! Je m’en vais.
Je crus d’abord ton cœur moins lâche et moins mauvais ;
Mais le visage ment, et l’on a tort, ô femme,
De dire que les yeux sont le miroir de l’âme.

LYDIE

Une esclave…

PAUL, vivement.

Tu peux l’affranchir.

LYDIE

Réfléchis :
Elle me coûte…

PAUL

Adieu, Juive !

LYDIE, l’arrêtant.

Je l’affranchis.

PAUL, gaiment.

À table donc ! — Salut, seigneurs ! — Ici, Gyrine !
Le diable de la faim était dans ma poitrine ;
Je ne suis point fâché, je ne le cache pas,
L’occasion s’offrant, de faire un bon repas.

(Il prend place avec Gyrine et Faustus, à la table.)
ELYMAS, bas à Afranius.

Femme bizarre au fond, qui fait souper, en somme,
Avec un tapissier le duumvir de Rome !

AFRANIUS

Sans compter le rabbin !

LYDIE, à Paul, en souriant.

Après ta gravité,
Étranger, ce que j’aime en toi, c’est ta gaîté.