Tu peux rire à ton gré, duumvir ! C’est égal,
Je garde mon avis : je dis que tout va mal.
Dans les vases murrhins servez le vin des Marses.
Les beaux cristaux ! Combien de richesses éparses
Autour de nous, partout !
Mêle, mon doux rabbin,
Ces citrons de Corcyre avec le miel sabin !
Tout va mal !
Pourquoi donc enfin, Juif débonnaire ?
Je parlerai du moins, à défaut du tonnerre ;
Je chasserai les loups, les serpents et les chiens.
Mais de qui donc veux-tu parler ?
Oh ! ces chrétiens !
Où sont donc ces chrétiens que ta fureur redoute ?
Il n’en est pas un seul à Philippes !
Sans doute ;
Quand tu parles ainsi, duumvir, mon sang bout !
Ils ne sont nulle part, non, mais ils sont partout ;
Tu ne vois même pas le péril qui t’assiège,
Toi gouverneur romain !