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ELYMAS, s’asseyant.

Tu peux rire à ton gré, duumvir ! C’est égal,
Je garde mon avis : je dis que tout va mal.

LYDIE, aux esclaves.

Dans les vases murrhins servez le vin des Marses.

AFRANIUS

Les beaux cristaux ! Combien de richesses éparses
Autour de nous, partout !

MÉGARA, servant Elymas.

Mêle, mon doux rabbin,
Ces citrons de Corcyre avec le miel sabin !

ELYMAS, mangeant, puis s’arrêtant.

Tout va mal !

AFRANIUS

Pourquoi donc enfin, Juif débonnaire ?

ELYMAS

Je parlerai du moins, à défaut du tonnerre ;
Je chasserai les loups, les serpents et les chiens.

MÉGARA

Mais de qui donc veux-tu parler ?

ELYMAS, avec fureur.

Oh ! ces chrétiens !

AFRANIUS

Où sont donc ces chrétiens que ta fureur redoute ?
Il n’en est pas un seul à Philippes !

ELYMAS

Sans doute ;
Quand tu parles ainsi, duumvir, mon sang bout !
Ils ne sont nulle part, non, mais ils sont partout ;
Tu ne vois même pas le péril qui t’assiège,
Toi gouverneur romain !