Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au premier acte, saint Paul délivre une esclave de V oppression criminelle du maître ; au second acte, c’est le maître qu’il délivre de l’erreur et de l’aveuglement ; au troisième acte, il se délivre lui-même des derniers attachements du monde. N’est-ce point là l’éternelle mission, l’éternelle récompense, l’éternel martyre des grandes âmes ?

L’Apôtre n’est donc pas à proprement parler un drame en trois actes, mais plutôt une trilogie de sentiments.

Voilà toute la pensée historique et religieuse de cette pièce à laquelle on ne demanderait pas, du reste, sans injustice, la rigueur d’une thèse d’histoire ou de théologie. J’aurais pu cependant justifier, par des notes nombreuses, les sentiments et les idées que je prête à mes personnages ; mais les lecteurs éclairés n’en ont pas besoin.

Littérairement, j’ai voulu que l’action fût des plus simples afin que le développement moral gardât toute la place nécessaire. Le premier acte est une sorte d’idylle, le second tient du poème, le troisième est une élégie.

Je conviens que la tentative est audacieuse, et quelle est sans doute au-dessus de mes forces ; mais tout artiste, digne de ce nom, a le devoir de se rappeler et de suivre le précepte d’Horace : conamur tenues grandia.

Henri de B.