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— Mère Gudule, commença-t-elle, j’ai de bons yeux ; voulez-vous que je vous aide à chercher ce que vous avez perdu ?

La vieille femme, qui se sentait brisée et dont les yeux ternis de larmes n’y voyaient plus, pensa qu’elle ne devait pas repousser la planche de salut qui s’offrait à la dernière heure, et saisissant l’enfant par la main :

— Viens, lui dit-elle en l’entraînant ; regarde bien à tes pieds, à droite et à gauche, et vois si tu n’aperçois pas un dé en or.

— Un grand ? demanda l’enfant.

— Assez petit pour coiffer ton petit doigt.

— Alors, mère Gudule, ce dé-là n’est pas à vous.

Pas de réponse.

— Il n’est certainement pas à vous, reprit l’enfant en secouant la tête, comme pour se renforcer dans son petit jugement ; car vos doigts sont plus gros que les miens.

Et elle reprit après un silence, en levant la tête vers la mère Gudule :

— À qui est-il ?

— Si tu causes tout le temps, lui dit la vieille femme, tu ne pourras certainement pas le trouver. Voyons, baisse la tête et cherche, car je n’y vois plus. Pour te récompenser, je vais te raconter l’histoire de ce petit dé.

Et tandis que la petite trottinait une main dans sa main, l’autre serrée autour de son gros bouquet des champs, elle lui raconta qu’elle n’avait pas toujours été vieille, et qu’autrefois elle fréquentait moins la brasserie. À cette époque elle avait son mari et une jolie petite fille. Son mari gagnait beaucoup, et quand il fut mort, la mère Gudule s’était mise au travail à son tour afin de satisfaire tous les désirs de la jolie petite fille, qui ne manquait de rien. Elle ne manquait de rien,