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identifiés avec le maître, que nous étions comme surpris de nous sentir revivre alors qu’il dormait sous la terre humide, et c’était bon de revivre, de sentir la gaie lumière du soleil vous envelopper, d’entendre chanter les oiseaux, et de s’apercevoir que la campagne n’avait rien perdu de sa beauté. Alors nous nous souvînmes que, par la mort du maître d’école, nous étions forcément en congé jusqu’à l’arrivée du nouveau professeur, et à cette pensée, plusieurs d’entre nous se mirent à siffler.

Par bonheur le vieux Maître ne les entendait pas ; mais les eût-il entendus qu’il les eût peut-être excusés ; peut-être même eût-il regretté quelques coups de férule donnés hors de propos, car, de l’autre côté de ce monde, on devient plus indulgent, et l’on comprend mieux combien il doit être difficile aux petits garçons de faire taire l’étourderie qui sans cesse bourdonne autour d’eux.

Notre congé ne fut pas aussi long que nous l’eussions souhaité ; car l’Université, soucieuse de ne pas nous laisser trop longtemps livrés aux mains de la paresse, ne tarda pas à nous pourvoir d’un professeur.

Nous nous fîmes tous tirer l’oreille pour venir à sa première classe, et une fois sur nos bancs, au lieu de prendre nos cahiers et nos livres, nous ne nous occupâmes qu’à examiner curieusement le nouveau venu.

Or, le nouveau venu était un tout jeune homme, qui en était à sa première étape sur la route du professorat, et qui avait encore dans les oreilles (il me le confia depuis), ces conseils de son vieux maître à lui :

« La carrière d’instituteur, lui avait-il dit, a bien des épines ; on est en butte aux sarcasmes d’enfants indisciplinés et moqueurs et on a souvent à essuyer les reproches des parents, qui rendent le Maître responsable de l’ignorance des paresseux ; mais quelqu’ingrate qu’elle paraisse, elle a ses beaux côtés pour celui qui sait les chercher. Sois de ce nombre, et pour cela, aime tes élèves et fais en sorte qu’ils te