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trouvait-elle dans ma société, tant soit peu tyrannique ? je le lui ai demandé depuis, et elle en a trouvé la raison dans le goût inné qui porte les fillettes à jouer à la poupée avec tous les bébés. Or, quelque désobéissant, quelque volontaire que je fusse, je n’en étais pas moins pour Madeleine un bébé plus intéressant que ses poupées.

Quand elle vint, ce jour-là, en sortant de classe, me faire sa visite quotidienne, mon premier mot fut :

— Tu ne sais pas, Madeleine, je vais avoir une petite sœur !

En effet, elle ignorait comme moi ce grand événement, mais ce que je lui dis de la présence du berceau dans la chambre verte ne lui laissa aucun doute à ce sujet, et elle fut si contente, toujours sans doute en raison de son amour pour les poupées vivantes, elle fut si contente, qu’elle oublia de me gronder pour ma désobéissance ; seulement elle me dit :

— Pourvu que ce soit une petite fille ! les filles sont bien plus gentilles que les garçons.

L’idée que le poupon que j’attendais pourrait être un garçon ne m’était pas venue, mais la réflexion de Madeleine me donna à réfléchir, et comme, depuis longtemps, je désirais ardemment une petite sœur, j’imaginais d’écrire au bon Dieu, pour lui demander, puisqu’il en était encore temps, de m’en envoyer une.

— Fais la lettre, dis-je à Madeleine.

Docile par nature, habituée, je l’ai dit, à satisfaire tous mes caprices, désireuse aussi que le bon Dieu me donnât une sœur de préférence à un frère, elle écrivit une lettre bien gentille, une vraie prière, que je mis à la poste dans l’espoir que le facteur la ferait parvenir à destination.

Alors, très tranquilles, nous attendîmes, Madeleine et moi, la réponse qui arriverait sous la forme d’une petite fille.