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aurait répondu, à commencer par le patron lui-même, qui, malgré sa figure rayonnante, ne pensait pas sans remords à sa version latine, qui était restée inachevée.

William aurait, en toute franchise, avoué qu’au lieu de concourir puissamment à l’équilibre du mât, il eût été dénicher une vieille arithmétique, toute déchirée à la page de la Numération.

Cécile se serait rappelé sa tâche de couture, Robert et Louise leur alphabet ; et ils auraient tous concouru à remettre de l’ordre dans la chambre, par la raison que tout était en désordre dans les choses comme dans les consciences.

En effet, quand, une demi-heure plus tôt, Mme de Lysle avait été appelée hors de la salle d’études, elle avait laissé ses cinq enfants sages et appliqués autour de la table de travail.

Elle leur avait bien recommandé de ne pas bouger jusqu’à son retour. Et à son retour, que trouvera-t-elle ?

Cinq diables, oublieux du devoir, et voguant au gré de leur caprice dans la barque du plaisir.

Par la fenêtre ouverte, la bise, qui entre, fait gonfler les voiles, et William s’écrie :

— Nous avons le vent en poupe !

Mes enfants, leur dit leur mère qui entrait, si vous voulez dans la vie avoir le vent en poupe et marcher sûrement vers le port, il faut prendre un autre chemin que celui que vous venez de choisir. Le bon vent ne souffle que sur la route du travail et du devoir. Voulez-vous y rentrer ?

Y rentrer était dur, on s’amusait tant ! Mais il n’y a que le premier pas qui coûte, comme le fit très sagement remarquer William quand ils furent tous assis autour de la table, qui avait repris sa position normale.

— Et nous nous amuserons plus tard, murmura le patron, dont la version avançait, avançait.

— Car tout à l’heure on pourra jouer, maman l’a dit, et la récréation perdra-t-elle de son charme pour être prise à son heure ?