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PAR BON VENT.



Cela n’avait pas été bien long de faire un bateau : une table retournée ; pour mât, un balai ; pour voiles, des serviettes ; pour avirons, des raquettes.

Cela n’avait pas été long, et ce jeu aurait été charmant s’il avait été improvisé pendant la récréation ; mais… mais…

On raconte ce joli trait de l’enfance de saint Louis de Gonzague.

Il jouait avec des amis quand une pensée grave vint se présenter à ces esprits d’enfants :

— Si nous mourions ce soir, que ferions-nous pour nous y préparer ?

Et l’un s’écria :

— Je me jetterais immédiatement à genoux pour demander pardon à Dieu.

— Moi, dit l’autre, je courrais donner aux pauvres tout mon argent, afin d’apaiser par mes aumônes la justice de Dieu envers moi.

Seul Louis ne parlait pas, et comme on l’interrogeait :

— Mais, répondit-il, je continuerais à jouer, puisque c’est la récréation.

Mot charmant qui peint bien la pureté et la simplicité du jeune saint !

Il continuerait à jouer, puisque c’était l’heure de la récréation, comme plus tard il continuerait à travailler ou à prier, selon l’heure, n’intervertissant jamais ses devoirs et ses plaisirs, et certain que Dieu le trouverait là où il le voudrait voir.

Si le patron du bateau-table eût posé à son équipage la question qui s’agita chez les amis de Louis de Gonzague, je sais bien ce qu’il