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lunettes. Et pensant à la scène du matin, il se dit qu’il devait y avoir la-dessous quelque tour de Madame Agnès.

« Que va-t-il nous faire ? » pensait en son for intérieur chacun des grands coupables.

Quand ils ne furent plus qu’à une petite distance du maître de la villa, comme mus par un même ressort, ils levèrent tous la tête.

Il était là maintenant tout près d’eux, ce terrible juge ! Accepterait-il leurs excuses ? aurait-il un peu de bienveillance ? les yeux, dont l’expression se dissimulait derrière les verres de lunettes, parlaient-ils de pardon ou d’inexorable justice ?

Et cependant, depuis qu’ils étaient en face du danger, ils marchaient plus crânement, la même lueur de confiance brillait dans leurs yeux bleus ou noirs, ils avaient comme le pressentiment que, devant le tribunal de l’expérience et des cheveux blancs, l’étourderie des petits enfants a presque toujours gain de cause.

Ils eurent raison.

En se rapprochant, ils purent voir un sourire se perdre dans la barbe grise. Au premier mot d’excuse, une bonne parole les absout.

— Seulement, leur dit Monsieur Arnot, à votre place, je ne recommencerais pas.

Eh bien ! moi, je suis sûr qu’ils ne recommenceront jamais ; car Monsieur Parville, le maître d’école de qui je tiens cette histoire, m’a raconté un petit incident de la classe de mardi matin.

Il avait l’habitude, toutes les semaines, de commenter à ses élèves une Fable de La Fontaine.

Le hasard le fit tomber ce jour-là sur : Le vieux Chat et la jeune Souris.

Très attentifs, les élèves écoutaient, et quand d’un ton pénétrant il en vint à ces mots : La Jeunesse se flatte et croit tout obtenir, une voix vibrante s’écria :