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— Ah ! vous m’interdisez de punir les voleurs que j’accuse, eh bien ! ne poursuivez pas ceux que vous avez surpris.

— Mais c’est leur donner raison ! c’est encourager le vol ! s’écria Madame Agnès hors elle.

— Dois-je tirer ? demanda Monsieur Arnot en visant de nouveau les oiseaux qui s’enfuyaient à tire d’aile, comme s’ils eussent eu conscience du danger qu’ils couraient.

Une deuxième fois, Madame Agnès les protégea.

— Cela ne vous avancera pas de les voir à terre tout pantelants.

— C’est vrai, usons de clémence, Madame Agnès, avec les moineaux…, et avec les enfants.

Il siffla son chien et s’éloigna, laissant sa gouvernante très peu convaincue de la portée de cette douce morale.

— Une bonne punition ferait bien mieux leur affaire, se dit-elle en ajustant son bonnet et en prenant son parapluie ; et dans les sept maisons où ils apparurent, le bonnet et le parapluie de Madame Agnès jetèrent un grand trouble.

Les mères pleuraient et suppliaient la gouvernante d’obtenir de Monsieur Arnot qu’il ne poursuivît pas la chose.

Les pères trouvaient au contraire préférable de laisser punir, comme il le méritait, un vol aussi audacieux.

Madame Agnès se rendait de l’avis des pères, mais promettait aux mères son intercession, et partait pour continuer la mission charitable dont son maître était loin de l’avoir chargée.

Aussi Monsieur Arnot fut-il très étonné le soir, à l’heure où il se reposait de sa journée de chasse en fumant sa pipe sur sa terrasse, de voir arriver à la file indienne sept gamins honteux et confus, qui venaient se livrer à la justice.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? se demanda-t-il en ajustant ses