Page:Borius - Corbeille du jeune age.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le lundi matin, jour où, de très bonne heure, sa gouvernante partait pour le marché.

Les plans de ce genre ne sont jamais longs à ourdir, et on apporte rarement du retard à leur exécution.

C’est un dimanche que Georges Daufin se fit, sans s’en donner le titre, le chef d’une bande de maraudeurs, et, dès le lendemain au petit jour, à la tête de six camarades qu’il avait armés de longues gaules, il se dirigea vers la villa Arnot.

— Je ne sais pas ce qui se passe, avait dit quelques jours auparavant à sa gouvernante Monsieur Arnot, auquel les plaisirs de la chasse laissaient probablement plus de temps qu’on ne le supposait pour surveiller sa vigne, je ne sais pas ce qui se passe, mais, du côté de la route, la vigne est toute flétrie, il manque du raisin : les moineaux s’en donnent évidemment à cœur joie.

— Les moineaux ! avait répondu la gouvernante. Vraiment, Monsieur, ce n’est pas la peine d’avoir vécu soixante années bien comptées pour n’avoir pas acquis plus d’expérience ! Mais quand une volée de moineaux se seraient abattus sur votre vigne, vous ne vous seriez pas aperçu du dégât. Laissez-moi faire, je les dénicherai, vos moineaux, et vous me croirez peut-être si je les prends sur le fait.

Monsieur Arnot, qui était très bon, avait beaucoup regretté d’avoir communiqué à sa gouvernante la réflexion qui lui était venue en regardant sa vigne ; mais comme il savait inutile de prêcher la circonspection à Madame Agnès, il se contenta de ne plus parler de cela, espérant que ce serait le meilleur moyen de laisser la chose tomber dans l’eau.

Madame Agnès n’était pas de son avis, et pendant plusieurs jours elle se tint en embuscade derrière le mur, espérant surprendre les maraudeurs. Dans ce but, le lundi matin elle manqua même le