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UNE

BANDE DE MOINEAUX.



C’était, il est vrai, assez tentant.

Les grappes vermeilles pendaient le long du mur du côté de la route, et elles étaient si belles, si dorées, si appétissantes, que Georges Daufin les mangeait des yeux chaque fois qu’il passait devant la villa Arnot, et il y passait forcément deux fois par jour : le matin en se rendant en classe, et le soir en rentrant chez lui.

Quand un gamin de dix ans mange des yeux, deux fois par jour, du raisin qu’avec très peu de peine il pourrait goûter d’une façon plus substantielle, il y a bien des chances pour qu’il ne résiste pas indéfiniment à la tentation.

Un jour, du bout de son bâton crochu, Georges attrapa une grappe ; il la mangea, et, la trouvant bonne, le lendemain il recommença, et le surlendemain aussi.

Mais comme il ne pouvait atteindre les plus nautes grappes, et qu’il avait le cœur aussi large que la conscience, il glissa à l’oreille de quelques camarades qu’il y aurait une bonne vendange à faire à la villa Arnot. En se faisant la courte échelle ils pourraient cueillir les raisins les plus beaux, ils dévaliseraient la treille extérieurement et se partageraient le butin.

Nulle crainte d’être surpris.

Depuis l’ouverture de la chasse, le vieux Monsieur Arnot, le propriétaire de la villa, était dehors toute la journée, et l’on choisirait