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NOS VIEILLES PARTIES.



Quand j’étais petit, je m’amusais, oh ! je m’amusais bien ! Comme j’avais beaucoup de cousins et de cousines, nous faisions des parties monstres, soit de crocket, soit de barres. Un de nos meilleurs souvenirs est le patinage. Quelle joie parmi nous quand il commençait à geler ! avec quel empressement nous préparions les traîneaux, et quelles courses nous faisions ! Le vainqueur en retirait la gloire ; le vaincu en était quitte pour une chute, qui le piquait au jeu, et ne le rendait que plus audacieux pour recommencer la lutte.

Mais au-dessus des parties de crocket, de barres et de ce fameux patinage qui nous passionnait, je mets sans contredit les parties de cartes que nous faisions le dimanche chez nos grands-parents.

Je revois un immense salon ; au milieu du salon, une table ronde, couverte de jetons et de cartes ; autour de cette table ronde, une dizaine de visages d’enfants, et, en guise de dôme, au-dessus de la table et des visages roses, la plus jolie, la plus fouillée des rosaces. Elle simulait un nid, d’où les petits oiseaux s’échappaient… pas bien loin. Le ciseau du sculpteur n’avait pu leur donner des ailes, à ces petits que nos cris de joie n’effarouchaient pas.

Dans ce salon m’apparaît belle figure de mes grands-parents.

Grand-père avait été jeune. Eh ! je le sais bien maintenant qu’on ne naît pas grand-père ; mais à cette époque je croyais que le mien avait toujours eu les cheveux blancs. Grand’mère était jolie… à la façon des grand’mères.

Et tous les deux étaient si bons !