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l’intérieur et un sur le siège. Celui qui était sur le siège avait un grand fouet et servait de cocher. La voilà en route, promenant dans les jolies allées cinq bébés aux figures épanouies de bonheur, et Blanche-Neige, tête basse, très triste, se demandait si elle pourrait se faire à sa servitude, étant habituée à une si grande liberté.

Un cri bien connu lui fit lever la tête ; un enfant, qui débouchait par une petite allée, s’était arrêté. Blanche-Neige s’arrêta aussi brusquement : elle avait reconnu le petit Marcel.

— Blanche-Neige ! cria le bébé.

Mais ses frères, qui le suivaient, tentèrent de l’entraîner.

— Tu sais bien, Marcel, que Blanche-Neige est à Pornic ; il faut être raisonnable et te consoler. Tu la verras l’été prochain, papa te l’a promis.

— Blanche-Neige ! c’est Blanche-Neige ! criait toujours l’enfant en tâchant de se dégager des bras de ses frères.

Ses cris avaient attiré quelques personnes, et on entourait la voiture. aux chèvres, arrêtée au milieu de l’allée, soumise au caprice de la chèvre révoltée qui, malgré les coups de fouet et les cris du conducteur, refusait absolument d’avancer.

— Elle est malade ! disait-on.

— Elle est blessée !

— Elle a eu peur de quelque chose.

— Ou elle a reconnu quelqu’un, dit une voix d’enfant.

Louis fendit la foule, regarda la chèvre entre les yeux, et, voyant le flocon blanc et soyeux qui était la marque distinctive de Blanche-Neige, il s’écria :

— C’est elle ! Marcel a raison !

La suite n’est pas difficile à deviner. Le maître des chèvres rendit Blanche-Neige, et le père et la mère de Marcel, touchés de son