Ne sachant pas parler, il leur fit entendre sa soumission à sa manière, c’est-à-dire en les suivant « comme un mouton ».
— Je verrai où ils habitent, se dit-il en trottinant près d’eux, et si leur maison ne m’éloigne pas de la plaine, je pourrai rester, vivre avec eux. Ils ont l’air bons et gentils.
Tout en trottant il arriva, à la suite des maîtres qu’il venait de se choisir, à une cabane recouverte de chaume. Ils entrèrent, le mouton précédant les enfants, et Robin-Mouton vit au coin de l’âtre une vieille bonne femme qui filait.
— Grand’mère, regardez, dit la petite fille en battant des mains, regardez le nouvel hôte que nous vous amenons.
La vieille femme se retourna : mais, à la vue de Robin-Mouton, elle prit un air si sévère que le pauvre animal fût rentré sous terre s’il y avait eu moyen de le faire.
— Où avez-vous pris ce mouton ? demanda-t-elle.
— Il nous a suivis, dit la petite fille ; et son frère confirma ses paroles, tandis que Robin, plus mort que vif, se demandait s’il n’aurait pas couru moins de danger à la ville que dans cette hutte, en face de cette vieille femme acariâtre.
Mais le visage de la vieille femme détendit ; ce qui l’avait rendue acariâtre, c’était la crainte d’une mauvaise action de la part de ses petits-enfants ; et quand elle eut compris comment les choses s’étaient passées, elle joignit ses mains ridées et murmura :
— Un si beau mouton !
Très flatté, Robin-Mouton vint se coucher à ses pieds. Il se donnait à la bonne femme, comme il s’était donné aux enfants.
La vieille le caressa.
— Gardons-le pour l’instant, dit-elle. Si quelqu’un vient le réclamer, nous le rendrons tout simplement ; mais si, comme vous le croyez,