Page:Borius - Corbeille du jeune age.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ROBIN-MOUTON.



On était très agité depuis quelques jours dans le troupeau du berger Guillot.

Des bruits de départ circulaient, et, de mouton à mouton, on se faisait ses petites remarques.

Les vieux moutons disaient qu’on allait se faire tondre, et, secouant leur toison bouclée, ils affirmaient en sentir le besoin ; mais ils ne pouvaient cependant cacher à la jeunesse que le troupeau ne revenait pas toujours au complet de la ville. On y laissait parfois quelque victime choisie parmi les plus beaux moutons. Où restait-on ?

— Est-ce chez le loup ? demandait, en frissonnant, Robin-Mouton, le plus jeune de la bande et le plus aimé de Guillot.

— Non, car les loups ne quittent pas la campagne, et nous allons en ville, chez les hommes.

— Les hommes sont donc plus méchants que les loups ? reprenait Robin-Mouton, qui en fait d’hommes ne connaissait que son berger.

— Quelquefois.

Mais le voyage l’enthousiasmait à l’avance ; les aventures ne déplaisaient pas à son esprit. Les jeunes aiment l’imprévu, et Robin-Mouton salua d’un joyeux bêlement le lever du soleil qui éclaira le départ.

Voyager ! partir ! voir du pays ! tout cela ne vaut-il pas la peine d’affronter certains dangers que de vieux moutons seuls peuvent prévoir ?