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PART À DEUX.


Ils étaient nés le même jour : l’un, dans un berceau rose et blanc ; l’autre, dans un panier d’osier, qui avait sa place sous la table de la cuisine.

L’un, le petit André, était tout seul dans son berceau ; l’autre, le petit chat Misti, partageait son panier avec ses quatre frères.

Mais, au bout d’une heure, la cuisinière, sans pitié pour les cris de la mère-chatte, avait pris quatre petits, qu’on n’avait plus jamais revus, et Misti était resté aussi seul dans son panier qu’André était seul dans son berceau.

Comme les petits chats se débrouillent plus vite que les petits garçons, ce fut Misti qui rendit le premier visite à André et même, il faut l’avouer, quand le chat curieux et futé s’aventura dans la chambre d’André, le bébé d’un mois ne fut nullement sensible à sa visite. Cependant, si les petits garçons mettent plus de temps que les petits chats à se débrouiller, ils y arrivent, et, un beau jour, André sourit à Misti, un autre jour, il se roula sur le tapis avec Misti, et un autre jour, d’un pas encore incertain, il courut après Misti.

Ce jour-là, André n’était pas précisément un homme, mais c’était un beau petit garçon d’un an, qui n’eut bientôt plus à envier à Misti, ses courses folles, car il les partageait.

André se prit pour Misti d’un amour si tendre qu’il ne se séparait qu’à grand’peine de son petit chat.

— Vraiment ! disait la cuisinière, — celle qui avait emporté les frères de Misti le jour de leur naissance ; mais Misti ne lui en voulait pas,