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chair et en os, du moins en portrait, ce qui était bien une preuve qu’il avait, devant l’appareil, posé bien vivant, dans une pose toute martiale.

Et devant cette mauvaise épreuve, dans laquelle on ne reconnaissait Jacquik qu’à peu près, ils s’extasiaient les pauvres gens, tandis que Mariette jouissait du succès de son idée, car c’était elle qui avait écrit à Jacquik : « Envoyez à vos parents votre portrait pour qu’ils voient que vous êtes bien portant. »

Le père Laurent, ce jour-là, promena chez tous ses amis la photographie de son garçon, que le soir la vieille maman mit à côté de son lit, pour la regarder dès son réveil.

— Au moins, répétait le père Laurent, nous avons là une preuve palpable qu’il est bien. Pour nous, c’est mieux qu’une lettre, car les lettres ! nous ne sommes jamais sûr qu’on nous les lise sans rien en passer. Mariette elle-même, par bonté, pourrait quelquefois nous tromper.

Mariette, qui l’entendit faire cette réflexion, sourit discrètement, car le père Laurent ne se trompait pas beaucoup en pensant qu’elle ne leur traduisait pas mot pour mot toutes les lettres de Jacquik. Ainsi, dans celle qui accompagnait la photographie, elle avait sauté un entrefilet dans lequel Jacquik disait :

« Remerciez Mariette de sa petite lettre, et de la bonne idée qu’elle m’a donnée de vous envoyer mon portrait. »

Mais ce n’était pas pour les tromper qu’elle avait omis le passage, ce n’était pas non plus par une commisération qui, dans le cas actuel, n’était pas nécessaire… c’était par modestie.


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