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À PHILADELPHE O’NEDDY,
POÈTE



HEUR EST MALHEUR


L’un se fait comte au bas d’un madrigal ;
Celui-ci, marquis dans un almanach.

Mercier.

 
J’ai caressé la mort, riant au suicide,
Souvent et volontiers quand j’étais plus heureux ;
De ma joie ennuyé je la trouvais aride,
J’étais las d’un beau ciel et d’un lit amoureux.
Le bonheur est pesant, il assoupit notre âme.
Il étreint notre cœur d’un cercle étroit de fer ;
Du bateau de la vie il amortit la rame ;
Il pose son pied lourd sur la flamme d’enfer,
Auréole, brûlant sur le front du poëte,
Comme au pignon d’un temple un flambeau consacré ;
Car du cerveau du barde, arabe cassolette,